Voici pourquoi diversifier son portefeuille boursier est une fausse bonne idée de gestion. La diversification en bourse est un concept vague, complexe et surtout sans intérêt pour ceux, comme moi, qui cherchent à gagner un revenu en Bourse (et non à faire des plus-values).
A mes yeux, la diversification n’est pas un critère de choix des actions pour son portefeuille boursier.
Dans cet article, nous parlerons uniquement de la diversification des actions entre elles.
Car le concept de “diversification” étant tellement général, il peut aussi s’appliquer à différents “classes d’actifs”. Dans ce cas, on parle plus généralement de “diversification de patrimoine” en incitant à diversifier son patrimoine entre les actions, l’immobilier, les obligations, etc…Mais ce n’est pas le sujet de cet article.
Qu’est-ce que la diversification des actions ?
La diversification est un concept largement développé dans la “littérature” boursière et par les gérants “professionnels” (dont certains en sont devenus des spécialistes). Ce concept a été, en particulier, développé par Harry Markowitz.
Ce concept s’appuie sur le principe de “ne pas mettre ses oeufs dans le même panier”. En l’occurence, le “panier” serait votre “portefeuille boursier”.
Afin de bien comprendre de quoi nous parlons, il convient de bien expliquer en quoi consiste le principe de diversification d’un portefeuille boursier tel qu’il nous est « proposé »/ »vendu ».
Il faut d’abord bien comprendre qu’il ne s’agit pas de définir le nombre d’actions (minimum ou maximum) à posséder dans un portefeuille boursier.
Il s’agit, en fait, selon les « promoteurs » de ce principe, de choisir ses actions en fonction de critères généraux (voir plus loin) avant toute autre considération sur les actions.
La « diversification » consisterait à établir, en amont du choix des actions, des règles d’investissement (liés à des critères externes à la société) et investir dans des actions en fonction de ces règles. L’idée est donc de choisir ses actions en portefeuille après avoir choisi/suivi ces règles d’investissement.
Les critères de diversification les plus généralement pratiqués sont basés sur :
- les secteurs d’activités
- les pays
- les devises
Mais, dans ce domaine, on peut en trouver des dizaines d’autres tels que la taille des entreprises (grandes entreprises versus PME ou ETI), la structure actionnariale (familiale versus étatique ou privé) ou… (pourquoi pas ?) l’âge du capitaine 🙂
L’imagination et l’inventivité des gérants de fonds dans ce domaine est sans limites (vous comprendrez pourquoi en lisant la suite).
Si on prend le critère de la diversification sectorielle, l’idée est la suivante : ne détenir que des actions d’un même domaine d’activité (la santé ou l’automobile par exemple) expose à un risque (ce que les gérants appellent dans leur jargon “la volatilité”) des résultats d’un seul secteur.
Mais le principe s’applique sur tous les autres critères (pays, devise, etc…) comme les actions REIT ou les « dividendes aristocrats« .
Pour éviter ce “risque”, le concept de diversification repose sur le principe de faible corrélation. Un portefeuille bien diversifié, c’est un portefeuille qui comporte des actions dont les performances sont relativement indépendantes.
Pour paraître intelligents et y arriver, les gérants ont donc mis au point un coefficient qui s’appelle le “coefficient de corrélation” et qui vise à mesurer ce “risque”.
A quoi sert la diversification ?
Vous l’aurez compris, la “diversification” des actions viserait à “réduire” le risque de votre portefeuille boursier.
Investir dans un panier d’actions comme le CAC 40 est un exemple de diversification?
Par “risque”, il faut entendre la “baisse” de la valeur de votre investissement en bourse.
Il faut donc bien comprendre que la “diversification” n’est donc pas un concept qui vise à améliorer la performance d’un portefeuille boursier (sur le long terme) !
Elle n’a pas pour but de vous faire gagner plus, mais de vous faire moins peur (en vous faisant perdre moins, en théorie) !
Le concept étant tellement vague (voir plus loin) qu’à ma connaissance, aucune validation historique et scientifique/académique sur l’efficacité/la réalité du concept n’a pu en être faite sur les critères de secteur, pays ou devises (contrairement à des études sur la diversification des “classes d’actifs”).
Mais, à mes yeux, la “diversification” vise surtout à vous “vendre” des fonds !
Pourquoi on vous “vend” la diversification ?
Si le concept de “diversification” (sectoriel, par pays, devise, etc…) n’a jamais prouvé son effet, par contre il a prouvé son efficacité pour les gestionnaires de fonds (SICAV/FCP) !
Car, au lieu de vous prouver l’efficacité de ce concept (ce qu’ils se gardent bien de faire), les gérants vous assénent avec force que “la diversification fait parti des règles fondamentales à garder à l’esprit lorsqu’on investit en bourse”.
Et, bien sûr, comme vous n’y comprenez rien (“pauvres investisseurs débutants et ignorants”), on arrive à la conclusion qui s’impose : “il est préférable d’utiliser la diversication via les fonds spécialisés ou diversifiés” (voir ici)
La diversification permet donc aux banques/assurances de créer et vendre des fonds spécifiques : fonds sectoriels, fonds par taille d’entreprises (fonds PME, fonds “grosse capitalisation”, fonds “start-up innovantes”), fonds par pays, etc…
Notons d’ailleurs avec ironie que si le concept qu’ils nous “vendent” étaient valides, chacun de ses fonds devraient les appliquer (ce qu’ils ne font pas !!). Un fonds pays, par exemple, devrait être diversifié par taille d’entreprises, secteurs, etc…
Bref, vous l’aurez compris, ce concept est avant tout un argument commercial pour vous faire acheter des fonds et leur permettre de se payer sur la “bête” (en l’occurence vous).
Le meilleur gestionnaire de fonds au monde, Warren Buffet, ne dit pas autre chose lorsqu’il dit : “La diversification est une protection contre l’ignorance. Cela n’a que peu d’intérêt si vous savez ce que vous faites” (“Diversification is protection against ignorance. It makes little sense if you know what you are doing.” en anglais).
Et, il le met en pratique puisque son portefeuille est constitué à plus de 64% par des actions de seulment 2 secteurs (financiers et biens de consommation, voir ici).
On peut aussi citer Charlie Munger, le co-associé de Warrent Buffet : “Our investment style has been given a name – focus investing – which implies 10 holdings, not 100 or 400. Focus investing is growing somewhat, but what’s really growing is the unlimited use of consultants to advise on asset allocation, to analyze other consultants, etc. “ ou “Students learn corporate finance at business schools. They are taught that the whole secret is diversification. But the exact rule is the opposite. The ‘know-nothing’ investor should practice diversification, but it is crazy if you are an expert. The goal of investment is to find situations where it is safe not to diversify. If you only put 20% into the opportunity of a life-time, you are not being rational. Very seldom do we get to buy as much of any good idea as we would like to.”.
L’investisseur de légende Peter Lynch a bien résumé le point : “The worst thing you can do is invest in companies you know nothing about. Unfortunately, buying stocks on ignorance is still a popular American pastime.”
Pourquoi la diversification est un concept “foireux”
A mes yeux, la diversification est un concept qui présente les caractéristiques suivantes.
Un concept sans objectifs
Etonnamment, ceux qui vous parlent de cette « règle fondamentale » de l’investissement en bourse ne vous en donnent JAMAIS les objectifs.
Quand je parle d’objectifs, je parle d’objectifs chiffrés, mesurés et précis.
Dire que cela permet de « réduire les risques » est une promesse vide de sens si elle n’est pas chiffrée. De combien la diversification réduit-elle les « risques » ? A quel horizon de temps ?
Certains pourraient dire que l’on pourrait dire la même chose sur la « performance » !
Et bien NON ! Car, concernant l’investissement en bourse, sur le long terme, on peut donner des chiffres précis de performance tels que : « la performance des actions (aux USA sur l’indice S&P 500) a montré que, sur le long terme (plus de 15 ans), la performance moyenne observée est de 6-7% ».
Un concept sans règles
De même que les objectifs ne sont pas définis, les règles de ce concept ne sont pas énoncées : quelle diversification permet d’atteindre quel objectif ?
D’ailleurs, on peut dire que l’absence de règle provient de l’absence d’objectif !
Un concept non validé/prouvé
A ma connaissance, il n’existe pas d’étude scientifique ou académique sur le sujet qui ait peu prouvé l’efficacité du concept. On comprend pourquoi !
Un concept vague, subjectif et complexe
Si on prend en compte le critère sectoriel, par exemple, on constate :
- que les entreprises sont généralement diversifiées, et donc qu’il est difficile de les classer dans un seul secteur.
- qu’un même secteur peut recouvrir des activités bien différentes (et donc des “risques” différents) et qu’une classification générale est une ineptie.
- que toutes les entreprises d’un même secteur ne se valent pas (certaines étant plus performantes que d’autres) et, qu’en conséquence, le “risque” est avant tout un “risque” sur une société plutôt que sur un secteur.
- que la diversification géographique des entreprises doit aussi être prise en compte. Autrement dit, ce n’est pas parce que le secteur automobile souffre en France qu’il subit le même sort dans le reste du monde (voir l’exemple de Renault-Nissan).
Afin d’illustrer ces points, voici 3 exemples illustrés :
- Si on prend la société Bouygues, dans quel secteur la classer ? Certes, elle est dans le BTP/construction mais plus de 20% de l’activité est constitué des télécommunications. Et encore, quand on parle de “télécommunications” on parle d’activités aussi différentes qu’un opérateur télécom (dividende Bouygues) et des médias (TF1) ! Faut-il classer la société dans la catégorie “BTP/construction” ou “Conglomérat” ? Cela dépend du point de vue de chacun (d’ailleurs Boursorama le classe dans la catégorie “Construction” alors que la société se définit comme un “groupe industriel diversifié”). On pourrait d’ailleurs dire la même chose pour le dividende Vinci.
- Dans un autre registre, le secteur “banque/assurance” ou “finance” regroupe des métiers aux profils et aux risques très différents. Qu’y-a-t-il de commun, en terme de “risques” justifiant une diversification entre une banque traditionnelle et un gestionnaire de fonds. Quand Crédit Agricole et son dividende est issu (en grande partie) du financement de l’économie en octroyant des prêts/crédits, la société Amundi gagne son argent par des commissions sur ses fonds. Et si la baisse des taux pénalise une “financière” comme le Crédit Agricole, l’envolée de la bourse permise par ces taux bas favorise une “financière” comme Amundi. La preuve que, bien qu’appartenant au même secteur, ces deux sociétés sont sur des marchés différents et que le “risque” est totalement asymétrique.
- Enfin, vous ne croyez pas au secteur textile en France ? Vous pensez que la distribution textile est condamnée ? L’exemple de la “faillite” de Vivarte (avec les enseignes “La Halle aux Vêtements”, “La Halle aux chaussures”, etc…) vous amène à vous éloigner de ce secteur “risqué” ? Je vous invite à regarder la performance du leader de la lingerie Etam Group. Comme quoi, dans un même secteur, les situations peuvent être bien différentes selon les sociétés.
Les mêmes remarques et le même constat pourraient être faits sur les autres critères de diversification.
Ainsi, sur la diversification par devise : une société française comme L’Oréal qui réalise 90% de son activité hors de France est-elle considérée comme une société “euro” ? Je ne le pense pas. Faut-il alors calculer le Chiffre d’Affaires dans chaque pays pour mesurer la part de chaque devise ?
Le caractère subjectif et vague du concept de “diversification” impliquerait d’ailleurs, si les gérants étaient rigoureux (et donc s’ils croyaient en ce qu’ils font – ce que je doute fort d’ailleurs) une complexité phénoménale pour prendre en compte leurs critères sur chaque société. Par exemple, en pondérant Bouygues à 80% en “BTP”, 14% en “télécommunications” et 6% en “médias”. Puis, en sous-pondérant par pays et devise chaque activité….
Au final, pourquoi vous devez éviter de vous “prendre la tête” avec la diversification ?
Au final, j’espère vous avoir convaincu que :
- La diversification est un concept aux objectifs non définis ni prouvés
- La diversification est un concept vague et subjectif
- La diversification est, s’il était appliqué à la lettre, est d’une complexité inouïe
- La diversificatiob est un concept “marketing” porté par les gestionnaires de fonds pour “vendre” leurs fonds (SICAV/FCP) sans aucune preuve
A titre personnel, et plus fondamentalement, je ne pratique pas la diversification pour une raison simple : elle est une soi-disant une solution (non prouvée) à un problème que je n’ai pas !
Mon objectif n’est pas “perdre moins” mais de “GAGNER PLUS” !
Dans mon cas (voir ma méthode pour devenir rentier bourse), la valeur de mon portefeuille n’est pas un objectif. Seuls les revenus comptent pour gagner en bourse grâce aux dividendes.
Je ne vais donc pas me couvrir contre un risque de “moins-values” qui n’est pas un critère, un objectif pour moi !
C’est d’ailleurs en agissant à rebours de cette stratégie de diversification et en concentrant mon portefeuille boursier au début 2016 sur le secteur pétrolier que la performance de mon portefeuille a été de 40% en 2016. Je me suis bien gardé de prendre en compte ce concept fumeux de diversification quand j’ai investi sur les dividendes de l’action Total ou Royal Shell (à une époque où tous les “professionnels” de la finance déconseillaient ces actions). Pour plus d’infos, je vous invite à voir mon portefeuille dividende.
Si vous aussi, vous souhaitez maximiser la performance, je vous invite à en tenir compte. Réfléchissez bien avant que votre banquier vous propose de maxilmiser le “couple rendement/risque” (comme ils disent).
Pour résumer, à mon sens, seul le choix des actions en portefeuille importe.
Les actions choisies sont le moteur de votre performance et de la réussite de vos objectifs, en dehors de toute “prise de tête” avec la diversification.
A mes yeux, le critère de « qualité » des actions prime sur toute autre considération, et en particulier sur le critère de « diversification ».
Attention, cela ne veut pas dire qu’il faille excessivement concentrer son portefeuille avec 1 seule action ! Encore une fois, cela n’est pas l’objet de la « diversification » tel qu’il nous est « vendu ». Le nombre d’actions optimales pour votre portefeuille dépend d’autres critères (votre stratégie, votre situation, vos objectifs, votre « profil », etc…).
Croyez-moi, si vous avez la bonne démarche et la bonne méthode d’investissement, vous serez toujours meilleurs que n’importe quel gestionnaire de fonds !
Hello Bertrand
C’est vrai que trop de diversification peut tuer la performance ! Cependant, je suis plutôt pour quand c’est bien fait car ça limite le risque et ça lisse le drawdown. Le mieux pour ne pas mettre ses œufs dans le même panier, pour moi ça reste les ETF.
Max
Un investisseur va rechercher deux choses: la rentabilité et la stabilité.
L’intérêt de la diversification n’est pas de rechercher la rentabilité mais bien la stabilité.
Pour mieux comprendre l’intérêt, on peut prendre l’exemple de l’assurance:
– Si je n’assure pas ma voiture, sur le très long terme je suis gagnant puisque la prime que je paye est l’équivalent de ma sinistralité + les frais et la rémunération de l’assureur
– Néanmoins, j’assure ma voiture car je ne peux pas me permettre de régler un sinistre au vu de mon budget (et encore moins deux sinistres consécutifs)
– L’assureur, de son côté, va avoir à régler beaucoup de sinistres en cas de grêle / tempêtes, ce qui fera pour lui un résultat négatif, voire trop important (comme mon accident de voiture pour moi). Il va donc aller chercher un réassureur qui va lui payer les sinistres exceptionnels.
– Le réassureur, de son côté, va chercher à trouver des risques qui ne sont pas corrélés, pour avoir tous les ans des sinistres à payer, et pas une année plein de sinistres et pas les autres, car ses actionnaires aussi cherchent une stabilité des résultats. Il va donc agréger le risque de tempête en France avec celui de cyclone au Mexique, et quelques autres, de façon à moyenner le risque…
Pour un investisseur en bourse, c’est pareil. Il a un « budget » de risque qu’il peut supporter (en fonction de la couverture de ses besoins et de son mental), et pour certain la perte max acceptable est de 5% de son patrimoine, pour d’autres elle est de 50%. Pour certains la perte est inenvisageable.
Avec un « budget » de risque de 10% , si j’achète des actions PSA, et qu’elles ont une perte max estimée à 50% et une profitabilité long terme de 10%, je peux mettre 20% de mon portefeuille dans ces actions, et les 80% seront nécessairement sur du totalement sécurisé, avec un rendement nul. Soit au global un rendement long terme de 2% de mon portefeuille.
Avec ce même budget risque de 10%, je peux acheter des actions PSA, Total, Airbus, Véolia, Sony, Tata, Alibaba et Samsung, qui toutes ont une perte max estimée à 50% et une profitabilité long terme à 10%, mais donc les évolutions ne sont pas complètement corrélées (si PSA baisse de 50%, peut être que Airbus et Alibaba seront en croissance). Ainsi, je peux mettre 40% de mon portefeuilles dans ces actions, pour le même budget risque. Et seulement 60% en sécurisé. Et grâce à la diversification, j’obtiendrai, pour ce budget risque de 10%, une performance de 4% de mon portefeuille, alors qu’elle était seulement de 2% avec PSA uniquement.
Pour finir, ces concepts de corrélation / mutualisation ne sont pas vagues et non prouvés, mais très bien argumentés et documentés, et totalement maîtrisés par exemple par les actuaires des assureurs et réassureurs.
Merci pour cette explication.
Bonjour, il manque un i :sur le principe de fable corrélation. faible et non fable
Merci, la correction a été faite.