Si investir en Bourse n’est pas risquée sur le long terme, il n’en demeure pas moins la Bourse est volatile à court terme.
Prendre conscience de cette volatilité est une chose, la mesurer/l’évaluer et en tirer les conséquences qui s’imposent en est une autre. C’est l’objet de cet article de vous partager mon analyse quant à ma situation personnelle.
Alors que la plupart du temps on cherche à savoir combien rapporte une action, il est aussi intéressant de prévoir une baisse des actions.
Rappelons tout d’abord ma situation et mon objectif d’investissement : j’investis en bourse pour générer des revenus passifs issus des dividendes d’actions en bourse. En 2016, j’ai atteint mon objectif puisque, depuis août 2016, je vis à 100% de mes revenus de mes dividendes.
J’ai atteint cet objectif en partant d’un investissement initial de 300 000 € en 2012 qui me permet aujourd’hui de gagner environ 30 000 €/an de dividendes nets versés (pour plus de détails, je vous invite à voir mon portefeuille actions bourse en cliquant ici).
Voici donc mon « crash test » en cas de baisse de la bourse.
200 000 € de perte potentiel = baisse de 40-50% de la bourse
Au 20 octobre 2016, la valorisation de mon portefeuille se monte à environ 480 000 €, soit une plus-value d’environ 180 000 €, ce qui correspond à une performance de +60% depuis 2012.
Rappelons deux points essentiels :
- que cette performance a été obtenue en réinvestissant la totalité de mes dividendes, ce réinvestissement des dividendes d’actions représentant 90% de la performance de mon portefeuille boursier.
- que, à partir de maintenant, j’ai besoin de mes dividendes pour vivre (ils constituent mon « salaire ») et que, en conséquence, ma performance sera très largement affectée.
J’ai bien conscience que ma plus-value est totalement virtuelle car, tant qu’on a pas vendu, on a pas gagné !
Mais j’ai aussi conscience que ma performance est, historiquement et statistiquement (par rapport aux fluctuations boursières en général), atypique ou exceptionnelle. Ce qui signifie que je m’attends à une baisse future de la valorisation de mon portefeuille.
Prendre conscience que la bourse est volatile, c’est prendre conscience du fait qu’elle peut « décrocher » fortement à court terme.
Je ne sais pas quand ni comment cela peut arriver, mais là n’est pas mon but. Mon but est plutôt d’en mesurer l’impact pour moi.
Pour évaluer/mesurer la baisse hypothétique de mon portefeuille, la meilleure manière de le faire est de regarder ce qui s’est passé dans le passé. Mon but est ici de connaître la perte maximale que je peux envisager sur mon portefeuille en regardant les chiffres des crises récentes (années 2000-2002 et 2008-2010).
Les données les plus complètes sont, une fois n’est pas coutume, disponibles pour le marché américain (ce qui me va bien d’ailleurs, puisque mon compte-titres est 100% investi en actions américaines). Le graphique ci-dessous donne un aperçu visuel des baisses maximales (base mensuelle) pour le S&P 500 depuis 1927 (source).
Si on excepte la période 1929-1932, on s’aperçoit que les baisses maximales observées se situent entre -40% et -50%.
Sur le marché parisien, on constate que les baisses maximales pour le CAC 40 dividendes réinvestis sont de -45% entre 2001-2002 et -40% en -40% en 2008.
Je prendrai donc cette hypothèse de perte maximale de -40% à – 50%.
Dans ce cas, mon hypothèse de perte de valeur de portefeuille se situe entre 192 000 € (-40% x 480 000 €) et 240 000 € (-50% x 480 000 €).
C’est cette hypothèse de perte de valeur de mon portefeuille à laquelle je me prépare. Une perte qui ramènerait mon portefeuille en dessous de mon investissement initial (300 000 €) à respectivement 288 000 € (cas d’une baisse de -40%) et 240 000 € (cas d’une baisse à -50%).
Pourquoi cette hypothèse de perte ne m’affecte pas
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la prise de conscience de cette perte potentielle n’a aucun impact pour moi.
Et ce pour plusieurs raisons :
- Tout d’abord, de la même manière que j’ai conscience que ma plus-value actuelle est virtuelle, cette perte potentielle est elle aussi virtuelle dans la mesure où je n’ai pas l’intention de vendre mes actions (à court ou moyen terme). Autrement dit, je n’investis en bourse que l’argent dont je n’ai pas besoin, à savoir le capital.
- Car, et c’est un point essentiel : mon seul objectif est de générer des revenus et non des plus-values. Cet objectif constitue la raison même de mon investissement en bourse et justifie tous mes choix. Ces actions constituent ma « matière première » pour générer mes revenus. SI je les vendais, je n’aurais donc plus de revenus de dividendes !
Avoir un objectif précis est une condition indispensable et fondamentale pour investir en bourse. S’y tenir est une deuxième condition. Quelque soient les variations de cours, les hausses/baisses de la bourse. S’y préparer en mesurant les effets concrets sur mon portefeuille est une manière pour moi de m’assurer de ma capacité à suivre cette règle psychologique. - Sur le long terme, je suis confiant dans le fait que cette baisse sera rattrapée à plus ou moins long terme. Le graphique de la bourse américaine montre bien cela
Ce que je dis ici est une illustration d’un principe important en bourse (que tous les grands investisseurs comme Warren Buffet répétent à longueur de journée) : le succès en bourse est avant tout une affaire de psychologie et de stratégie que de choix d’actions.
La seule chose qui m’importe : quel impact pour mes revenus ?
Au final et au vu de mes objectifs, la seule chose qui m’intéresse dans cette analyse est d’évaluer mon risque en termes de revenus.
J’ai donc réalisé un « crash test » sur le même principe que dans l’analyse de la valorisation du portefeuille, à savoir d’évaluer l’évolution de mes dividendes en observant les résultats passés. En l’occurrence, je me suis appuyé sur les données de la dernière crise boursière de 2008-2009.
Pour ce faire, j’ai analysé l’évolution du versement des dividendes des sociétés constituant mon portefeuille entre 2007 et 2010.
Le résultat est assez contrasté et, je dois dire, m’a plutôt surpris.
Si j’avais donc eu en portefeuille en 2007 l’ensemble des mêmes actions qui constituent aujourd’hui mon portefeuille (voir mon portefeuille), j’aurais subi une perte de revenus finalement assez faible de « seulement » -6,89% (soit environ 2 000 €) entre 2007 et 2010. En 4 ans, j’aurais donc subi une baisse de mes revenus annuels de près de 7%.
Le détail par année est le suivant :
- 2008 vs 2007 : + 1,18%
- 2009 vs 2008 : – 5,92%
- 2010 vs 2009 : -2,19%
Ce que je constate sur cette analyse, c’est que :
L’année du « krack » (2008) n’est pas impactée par la baisse des dividendes. D’une certaine manière, ceci est logique puisque les dividendes versés en 2008 proviennent de l’activité de l’année précédente (2007). La baisse de l’activité n’est donc pas encore constatée dans les comptes des sociétés.
La plus forte baisse est « seulement » de 5,92% (2008-2009).
Il existe un contraste très fort entre les actions de mon PEA (essentiellement françaises) et celles de mon compte-titres (essentiellement américaines), comme le montre le détail suivant :
Période | PEA |
Compte-titres |
2008 vs 2007 | + 1,71% | -1,02% |
2009 vs 2008 | -1,94% | -23,41% |
2010 vs 2009 | -0,59% | -11,19% |
Alors que la baisse du montant des dividendes versés pour mes actions du PEA est très faible entre 2007 et 2010 (seulement -0,85%), elle est très importants pour mes actions américaines (-32,67%).
Je ne prends pas en compte l’éventuel paiement du dividende en actions.
Au final, sur la période 2007-2010, la baisse des dividendes versés est bien moindre que la chute des cours boursiers. La différence est même particulièrement importante (-6,89% vs -37% pour le S&P 500 et -40% pour CAC 40 dividendes réinvestis en 2008).
Je suis plutôt rassuré par les chiffres issus de cette simulation :
- En cas de scénario catastrophe tel que celui 2008-2009, je constate que la baisse de mes revenus auraient été plutôt limitée.
- Cela me permet de prendre pleinement conscience de l’attitude qui devrait être la mienne dans pareil cas : ne pas paniquer ! Car, au final, rester investi me permettra toujours de recevoir des revenus importants de mes actions.
- Mes actions américaines sont les plus vulnérables à une baisse des revenus. C’est la contrepartie (assumée) d’un rendement plus élevé.
Quelle conclusion en tirer et que dois-je faire ?
Au final, même si je retire de ce « crash test » que l’impact sur mes revenus de dividendes est plutôt limité (-6,89%), il n’en demeure pas moins réel et correspond à une baisse de revenus de près de 2 000 €/an. Cette somme est loin d’être négligeable et affectera de manière importante mon train de vie.
D’autant plus que (et j’en suis bien conscient) que cette simulation est basée sur l’hypothèse que l’évolution du montant des dividendes sera identique. Or, rien n’est moins sûr que cette hypothèse.
Pour me préparer, je pars donc sur une hypothèse plus pessimiste, à savoir une baisse de mes revenus de dividendes de 10%.
A ce niveau de baisse, la situation deviendrai bien vite problématique pour moi, avec des revenus annuels amputés d’environ 3 000 € !
Face à ce risque de perte de revenus, ma démarche est donc double :
- Je garde précieusement cette action qui me permet de me protéger contre la baisse de la bourse et qui me permet d’envisager une hausse du dividende versé (20% de mon portefeuille)
- J’ai décidé (et commencé) d’épargner/ « mettre de côté » ces 10% de revenus potentiellement manquants chaque mois. En agissant ainsi de la sorte, je vise à me constituer petit à petit les revenus qui pourraient potentiellement me manquer. Je pourrais alors utiliser cette « ressource », cette épargne pour maintenir mon niveau de vie.
Concrètement, depuis quelques mois maintenant, je m’astreins à consacrer 250 €/mois à cette épargne de réserve.
Je vous invite, vous aussi, à effectuer ce même « crash test » pour évaluer les conséquences pour vous d’une baisse de la bourse dans le cas d’un krack boursier comme nous avons connu en 2008. Et ce, dans un double but, de vous y préparer et d’envisager les solutions éventuelles que vous pourriez mettre en place pour y faire face.
Bonjour,
Je suis tout à fait d’accord avec toi pour l’aspect virtuel .
Moi aussi je vise les dividendes réguliers,stables ou en hausse continue
Mais par rapport à toi,ma technique diverge un peu:
-pas d’actions étrangères car je ne maîtrise que le français (et comme dit Buffet .il ne faut acheter que ce que l’on comprend)
-un pea et un compte tites(REITS françaises et une action luxembourgeoise)
-par contre je “m’autorise” à vendre une action des que son cours actuel dépasse mon PRU de 2ans de dividendes +les frais d’achat /revente car je la rachèterais des que son cours reviendras au niveau de mon PRU.
Par contre je ne comprends pas ta sélection pour abc arbitrage qui n’a pas des dividendes stables et qui du coup va contre ta méthode?