L’assemblée générale de Rubis (EPA:RUI) a eu lieu le 11 juin 2024. Et j’y ai participé avec 3 autres membres de ma communauté d’investisseurs.
4 heures de présentation et de débats avec les actionnaires où la direction a été chahutée sur l’évolution du cours de bourse de l’action Rubis et sur l’entrée de nouveaux actionnaires au conseil de surveillance de Rubis.
Mais aussi et surtout une assemblée générale où on a appris des informations intéressantes sur le versement du dividende.
❗ Mise à jour le 19 Octobre 2024 : la société Rubis a annoncé le versement du dividende exceptionnel de 0,75 €/action. Il sera détaché le 6 novembre 2024 et versé le 8 novembre 2024 (voir ci-dessous pour plus d’infos).
Sommaire
L’entrée de Bolloré au capital de Rubis le 25 mars 2024
Le 25 mars 2024, le groupe Bolloré a annoncé avoir franchi le seuil des 5% du capital de Rubis.
Cette montée au capital de Rubis de la part de Vincent Bolloré pouvait faire craindre une situation comparable à Lagardère.
Car, si on prend l’exemple de Lagardère, depuis que Bolloré est entré au capital de la société Lagardère, celle-ci ne verse plus de dividendes.
Et la similitude avec Rubis vient du fait que Lagardère, comme Rubis, était une société en commandite. Et Bolloré a réussi à faire sauter cette commandite.
Vous comprenez mieux pourquoi on peut penser que l’arrivée de Bolloré au capital de Rubis pouvait laisser penser que le dividende de l’action Rubis était en danger.
Lors de l’assemblée générale de Rubis, on a pas vraiment eu d’informations à l’assemblée générale.
Le PDG de Rubis, Jacques Riou a indiqué qu’il n’avait pas d’information particulière sur les intentions de Bolloré.
A priori aucun représentant n’était présent à l’assemblée générale, ou en tout cas aucun représentant ne s’est manifesté ou a pris la parole.
Par contre, ce que l’on sait, c’est ce que Bolloré a indiqué à l’Assemblée Générale du groupe Bolloré le 22 mai dernier.
Il faut savoir que ce n’est pas la société Bolloré qui a pris la participation de 5% dans Rubis, mais une société du groupe qui s’appelle “Les Plantations des Terres Rouges”. C’est un véhicule financier du Groupe Bolloré.
Vincent Bolloré a indiqué que la société avait pris une participation car elle avait des liquidités à placer. Vincent Bolloré a indiqué qu’il avait acheté des actions de Rubis car il connaît bien la société et qu’il a considéré qu’il y avait “un trou d’air” dans le cours de bourse.
Il a indiqué avoir acheté sous 22.50 €, que c’est avant tout une participation financière et qu’il n’a pas l’intention de faire sauter la commandite.
Ce que l’on sait aussi, c’est qu’il n’a pas demandé de siège au conseil de surveillance et qu’il semble donc ne pas vouloir intervenir dans les décisions de la société. A ce stade, il se présente donc comme un actionnaire dormant.
Sur la base de tous ces éléments, ma conclusion est donc, qu’aujourd’hui, il semble que l’entrée de Bolloré au capital de Rubis ne remet pas en cause la politique de versement de dividende de Rubis.
D’autant plus que, si on prend du recul, la comparaison entre Lagardère et Rubis est très différente.
Si Bolloré a réussi à faire sauter la commandite de Lagardère, c’est parce que Lagardère était aux abois financièrement. Ce qui n’est pas du tout le cas de Rubis.
En raison de la difficulté de changer le statut de commandite, le seul moyen d’y arriver est finalement que la société soit en mauvaise passe financière.
Quand ce n’est pas le cas, il n’y a aucun espoir ni tentative de le faire. Le meilleur exemple est la société Hermès dont personne ne remet en cause la commandite en raison de son incroyable santé financière et de ses résultats boursiers.
Alors, bien évidemment, mon sentiment actuel sur la pérennité du dividende n’est qu’un avis valable en l’état actuel des choses, et rien ne dit que la situation puisse changer, en particulier si Bolloré montait encore au capital.
La nomination de M.Samann et M.Molis au conseil de surveillance
Tout l’enjeu de l’assemblée générale, comme la presse s’en fait largement fait écho, a été de renforcer le Conseil de Surveillance avec l’arrivée de nouveaux actionnaires.
Et, en particulier, avec la demande des 2 autres actionnaires M.Samann et M.Molis, de bénéficier d’un ou plusieurs sièges au Conseil.
Pour rappel, le 26 mars M. Molis a informé l’AMF qu’il possédait 5% des actions de Rubis, et le 3 avril M. Samann déclarait aussi posséder 5% du capital de Rubis.
L’enjeu de ces nominations me semble faible car il faut savoir que le Conseil de Surveillance, dans une société en commandite, a un rôle limité.
Il a seulement pour mission le contrôle permanent de la gestion de la Société. En aucun cas, il n’a un rôle décisionnaire.
Mais il est vrai que c’est un moyen pour les actionnaires importants de faire entendre leur voix.
Il faut savoir que ces 2 actionnaires déplorent un manque de prise en compte de la voix
des actionnaires dans les décisions stratégiques prises par la gérance mais aussi critiquent l’acquisition de Photosol qui a été faite à un niveau de valorisation particulièrement élevé malgré un profil de rentabilité très faible.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, Photosol est une société qui produit de l’électricité solaire.
Les dirigeants ont partiellement répondu à cette critique sur l’acquisition de Photosol.
La gérance avait émis un avis positif sur la nomination de M.Samann au conseil de surveillance et l’assemblée générale des actionnaires l’a approuvé.
Contrairement à M. Molis dont la candidature a été refusée, en particulier parce que la gérance avait émis un avis négatif.
Il n’est pas très clair pourquoi la gérance a émis un avis positif concernant M.Samann et non pour M.Molis.
Un des éléments semble être le fait que M.Samann soit actionnaire de Rubis depuis 2006 alors que M.Molis ne s’est invité au capital que très récemment, à savoir depuis 2023.
Voilà donc l’état des lieux de ce point sur l’entrée des actionnaires au Conseil de Surveillance de Rubis.
Les médias ont en fait leur choux gras de ces batailles d’actionnaires contre la direction alors que cela ne changera rien à la gestion de la société Rubis en raison du rôle limité du Conseil de Surveillance comme je l’ai mentionné plus haut.
Rubis : annonce d’un dividende exceptionnel au troisième trimestre 2024
Concernant le versement des dividendes, la gérance à réitérer son engagement à continuer à augmenter son dividende, au moins l’année prochaine.
Sur ce point, clairement, je n’ai pas de doute.
Je vous rappelle d’ailleurs à cet égard que Rubis a été une des très rares sociétés françaises en 2020 à n’avoir pas, non seulement baissé son dividende, mais en plus à l’avoir augmenté !
C’est clairement une société qui a montré son engagement et sa détermination sur ce point.
La 2ème annonce qui a été faite à l’assemblée générale des actionnaires est une annonce qui est passée complètement inaperçue, de manière étonnante !
En effet, Rubis a indiqué qu’elle allait verser un dividende exceptionnel au troisième trimestre aux actionnaires.
Concrètement, Rubis a indiqué qu’elle reversera la plus-value de 75 Millions d’euros liée à la vente de Rubis Terminal en versant un dividende exceptionnel de 0,75 € par action.
La date de détachement de ce dividende a été fixée au 6 novembre 2024 et la date de versement/paiement le 8 novembre 2024.
Ajouté au dividende annuel déjà versé de 1,98€/action, le rendement dividende total atteint +10,92% avec un cours à 25€.
Le cours de bourse de Rubis : la direction chahutée
La direction de Rubis a été chahutée sur l’évolution défavorable du cours de bourse depuis 5 ans puisque celui-ci est en baisse de plus de 40% !
La direction a donné une explication que je considère comme convaincante sur ce point.
Elle a indiqué que, depuis 2020, elle a constaté un changement de politique des fonds d’investissements qui, depuis cette date, se désengage des sociétés qui ne rentrent pas dans les critères ESG.
C’est selon, la direction, la raison principale de la baisse du cours de bourse de l’action.
Pour preuve, la direction a expliqué qu’au début 2020, Rubis était valorisé environ 14 fois ses bénéfices par actions et que maintenant la valorisation a baissé à 8 ou 9.
La direction a même fait remarquer que, sur ce critère, Rubis était mieux valorisé que Total.
Ceci explique que même si le bénéfice par action a augmenté de 20% à 25% depuis 2020, le cours de bourse a baissé.
Le message ici de la direction est clair : si le cours de bourse a baissé, ce n’est pas de notre faute puisque, nous, on a fait notre boulot !
On est victime d’une “chasse aux sorcières” des actions énergétiques en Europe.
Exactement le même discours que le PDG Total qui envisage de quitter Paris pour sa cotation principale
En raison de cela, Rubis a effectué un virage vers les énergies renouvelables en rachetant la société Photosol, productrice d’énergie solaire.
Comme vous l’avez compris, c’est ce que leur reprochent les 2 actionnaires M.Molis et M.Samann qui considèrent que les bénéfices sur cette activité sont trop faibles.
Et que la société devrait se concentrer sur le développement de son activité en Afrique, là où se trouve la croissance et une rentabilité plus élevée !
Merci pour les explications. J’ai vu ici que le payout ratio était bien maîtrisé. Cela est aussi rassurant pour l’avenir du dividende.